11 L’extrait mentionne clairement une chapelle placée derrière l’ancien grand autel et vraisemblablement couverte en teubles creuses (tuiles creuses). Une chapelle placée en amont, comme le soutient Fillon, aurait été couverte en ardoise, comme l’était le reste de l’édifice si l’on se réfère à la pente des pignons. Seules les différentes chapelles renaissantes présentent une pente adaptée à l’utilisation de tuiles canal sans ergot. Cela laisse donc supposer que les chapelles derrière le retable existaient avant l’édification de la chapelle Saint-Pierre en 1539. Par ailleurs, les parties gothiques du chœur présentent elles-mêmes des éléments tenants plutôt du langage renaissant (fig. 7), brouillant une lecture stylistique simpliste. Enfin, les fouilles de 2016 conduites à la jonction entre le retable et la chapelle rayonnante centrale n’ont pas fait apparaître les fondations supposées du mur gothique avant l’adjonction de la chapelle30. Toutes ces informations soulèvent une question essentielle : les chapelles ont-elles vraiment été ajoutées après l’édification d’un chœur gothique ou l’ensemble du chevet appartient-il à une même grande phase de travaux à double langage ? Si les éléments dont nous disposons aujourd’hui ne nous permettent pas de trancher, des fouilles similaires à celles de 2016 seraient particulièrement pertinentes à conduire dans les deux autres chapelles rayonnantes, et attesteraient (ou non) de la présence d’un mur de fondation dans l’axe des parties supérieures gothiques. Une étude poussée des maçonneries peut être aussi envisagée, mais elle devra prendre en compte les nombreuses et lourdes restaurations entreprises à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Enfin, nous notons la mention par Benjamin Fillon d’un procès-verbal dressé en 1541 par Jacques Daniau, membre de la fabrique31. Nous n’avons pas pu, à l’heure de la rédaction de cet article, retrouver ce document. L’avenir, nous le pensons, nous promet encore de belles découvertes32. Mais l’heure est, en 2023, à la célébration et à la transmission des savoirs acquis ces dernières années33. Car la vieille dame n’est pas qu’un objet d’étude, elle demeure aujourd’hui le cœur de la ville comme elle fut, six cents ans auparavant, l’édifice au centre de toutes les attentions. 30 Jérôme Pascal, Nicolas Bonnin, op. cit., p. 35. 31 Benjamin Fillon, « Lettres à Monsieur Octave de Rochebrune sur divers documents artistiques relatifs à NotreDame de Fontenay », dans Revue des provinces de l'Ouest (Bretagne et Poitou), Année n°1, 1853, p. 113-114. 32 Les recherches se poursuivent dans le cadre d’une thèse. Mathilde Pubert, L’architecture religieuse flamboyante en Bas-Poitou aux XVe et XVIe siècle : identités d’un territoire entre Moyen Âge et Renaissance, thèse de doctorat en histoire de l’art sous la direction d’Hélène Rousteau-Chambon et Jean-Marie Guillouët, Nantes Université en codirection avec l’Université de Bourgogne, en cours. Parallèlement, dans le cadre d’un financement CIFRE, une étude d’inventaire sur ce sujet est portée par l’Inventaire général du patrimoine de la Région Pays de la Loire. 33 William Chevillon, Notre-Dame de Fontenay-le-Comte. Un monument dans son territoire, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, 2023.
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