Reconstruction ND de Fontenay à la fin du MA

5 En 1846, l’érudit Benjamin Fillon essaye de retracer le déroulement des travaux du XVe siècle. Bien qu'il indique en préambule que « la date de la reconstruction est presque impossible à fixer exactement18 », il distingue déjà l'évolution de l'architecture dans certaines parties de l'édifice. Ainsi, « l'ogive flamboyante, employée dans diverses parties, et l'anse de panier des portes dénotent assez de la dernière période du gothique, qui se marie déjà avec la Renaissance19 ». En partant d’une date de début indéterminée située autour de 1423, Benjamin Fillon propose donc de fixer la fin des travaux de reconstruction dans la seconde moitié du XVe siècle. Néanmoins, c’est dans son article Lettres à Monsieur Octave de Rochebrune sur divers documents artistiques relatifs à Notre-Dame de Fontenay20 que l’érudit précise davantage la lecture du bâti en se basant sur des remarques d'Octave de Rochebrune : « Il est une autre observation, particulière cette fois à N.-D., que je vous ai entendu formuler un jour et que je soumets également à ceux qui entreprendraient de décrire notre église. Vous m'avez démontré avec beaucoup de sagacité que la partie inférieure du clocher, les deux piliers les plus voisins, et le mur latéral de gauche, jusqu'à la chapelle Saint-Pierre, appartenaient seuls au milieu du XVe siècle, et étaient d'un style et d'un travail supérieurs au reste de l'édifice, tandis que ce qui subsiste des constructions primitives de la grande nef, du collatéral de droite et du chevet, bâtis successivement à des époques postérieures, accusait des modifications radicales dans le premier plan. » Les observations émises par Rochebrune s’appuient principalement sur la différence de style des piliers engagés entre les murs gouttereaux sud et nord. L’aquafortiste ne cache pas une certaine préférence pour la partie méridionale, d’un « style et d'un travail supérieurs au reste de l'édifice », à laquelle seraient alors ajoutés successivement le collatéral nord et le chevet. L’aspect le plus intéressant de cette citation demeure la dernière remarque mentionnant des « modifications radicales dans le premier plan ». Cette idée réapparaît cent quarante ans plus tard sous la plume d’Yves Blomme dans son ouvrage Poitou Gothique21. L’auteur consacre une notice à l’édifice fontenaisien et suppose l’existence d’au moins trois grandes campagnes de construction. La première campagne de travaux s'étendrait du collatéral sud au vaisseau central. Serait ajouté par la suite le collatéral nord avec son portail. Enfin, au début XVIe siècle, la construction gothique est achevée par l'ajout du chevet. Blomme s’appuie non seulement sur les piliers, mais aussi le profil de 18 Benjamin Fillon, Recherches archéologiques et historiques sur Fontenay, Fontenay-le-Comte, NairièreFontaine, 1846, p. 84. 19 ibid., p. 87 20 Benjamin Fillon, « Lettres à Monsieur Octave de Rochebrune sur divers documents artistiques relatifs à NotreDame de Fontenay », dans Revue des provinces de l'Ouest (Bretagne et Poitou), Année n°1, 1853, p. 109. 21 Yves Blomme, Poitou Gothique, Paris, Picard, 1993, p. 157-166.

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