6 l’ébrasement des baies ainsi que sur les ruptures dans les assises de la maçonnerie. C’est à partir de cette lecture du bâti que l’auteur décèle dans le massif occidental une rupture nette dans la construction. Le massif oblique situé entre la baie nord et le portail central semble avoir causé un fort décalage de la maçonnerie (fig. 3). Au regard de la forme de ce massif, Yves Blomme propose de l’interpréter comme un ancien contrefort d’angle diagonal, un dispositif courant dans les édifices flamboyants de la région, venant marquer la limite septentrionale d’une construction antérieure à l’adjonction du collatéral nord. Conservé par les maçons du collatéral, le contrefort fut réinvesti dans sa partie supérieure pour s’accorder avec les tourelles du porche nouvellement édifié. Plus précis que Benjamin Fillon, Blomme soutient ainsi l'idée d'un premier projet de construction à seulement deux vaisseaux, qui fut par la suite transformé avec l'ajout d'un troisième vaisseau au nord, puis de l’ajout d’un chevet polygonal à l’est. En 2021, l’inventaire et l’étude d’un dépôt lapidaire dépendant du Musée de Fontenayle-Comte permirent de se replonger dans l’histoire récente de l’église22. Le dépôt compte parmi ses pièces les plus remarquables un ensemble de pierres sculptées datées du XIIe siècle. Ces fragments correspondent aux descriptions faites par Emile Boutin, premier conservateur du musée, des pierres déterrées dans les années 1940 aux abords et dans le sol de Notre-Dame23. Comme mentionné en introduction, l’architecte Jean Merlet traversa lors des travaux de 1945 les fondations d’un mur situé au niveau des piles du XVIIe siècle et parallèle au mur gouttereau nord. Au sein de ce mur furent retrouvées les différentes pièces sculptées romanes, retaillées et utilisées comme moellons. Boutin pensait voir dans ce mur la trace de l’édifice roman. Nous ne réfutons pas la possibilité qu’un mur gouttereau roman ait pu exister à cet emplacement. Toutefois, la présence de pièces sculptées romanes, dont certaines portent des traces d’enduit et de polychromie, atteste de leur utilisation comme réemploi à un moment où une partie de l’église romane fut détruite pour laisser place à une nouvelle construction. Ces fondations peuvent-elles correspondre à un premier mur septentrional avant l’ajout du collatéral nord ? Si elles semblent s’aligner avec le contrefort d’angle diagonal intégré dans la façade ouest, elles n’ont été constatées que dans la troisième travée. Les tranchées créées lors des fouilles opérées en 201624 le long de deux piles ayant été creusées vers le nord, elles n’ont pas pu confirmer la présence de fondations d’un mur dans l’axe est-ouest pour les autres travées. Ainsi, si les 22 Mathilde Pubert, op. cit., 2021. 23 Emile Boutin, Fontenay-le-Comte. Inventaire des constructions anciennes et des curiosités de la commune, Fontenay-le-Comte, Imprimerie Lussaud Frères, 1947, p. 148. 24 Jérôme Pascal, Nicolas Bonnin, Fontenay-le-Comte (Vendée), Eglise Notre-Dame. Rapport d’opération, Inrap Grand-Ouest, Février 2016.
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