Vendée gothique

Vendée gothique, 15 juin 2023 65 QUELQUES GISANTS GOTHIQUES DU BAS-POITOU : ENJEUX DE DOCUMENTATION, DE PRÉSENTATION ET DE CONSERVATION de dire à quoi correspond réellement la date de 1210, ni même si elle est exacte car en 1210, les terres de La Roche-sur-Yon n’appartiennent pas à Béatrix. En revanche, l’église, dont l’architecture et le décor sont caractéristiques des années 1190-1220, était assurément terminée en 1248. Le tombeau est intégré au mur nord du chœur de l’église abbatiale, place d’honneur réservée au fondateur. Il se compose d’une cuve et d’un gisant placés VRXV XQ HQIHX &RPPH LO VH GRLW OH JLVDQW HVW SUpVHQWp OD WrWH j O¶RXHVW HW OHV SLHGV vers l’est. Sur la cuve, on voit sept petits personnages sous des arcades : cinq sur le côté dextre et un au pied et à la tête. Le gisant est étendu sur une dalle de pierre avec laquelle il fait corps. De part et d’autre des pieds de la défunte, se trouvent deux moines à capuchon, en position assise, tenant chacun un livre ouvert, et deux anges, de part et d’autre du coussin au niveau de la tête, en position agenouillée sur une jambe seulement. Les pieds de la dame reposent contre les ÀDQFV G¶XQ FKLHQ Sur une gravure de 1843, Émilien de Monbail représente le chien tenant un os dans la gueule et maintenant du pied un morceau de viande ou une bête QRQ LGHQWL¿DEOH4. Sur l’arc de l’enfeu sont représentés six anges sous des dais architecturés, complétés par un septième, placé en couronnement. L’ensemble était peint et doré, comme l’attestent de nombreuses traces de bleu turquoise et des reliquats de feuilles d’étain sur lesquels devaient être posées des feuilles d’or. Aujourd’hui totalement lisse, le fond de l’enfeu était très probablement peint, comme ceux de la chapelle Saint-Léger de Mortagne-sur-Sèvre. Très peu restauréH UHODWLYHPHQW SUpVHUYpH KRUPLV GH QRPEUHX[ JUḊ WLV TXL le couvrent5, la tombe de Béatrix est associée à un folklore lié à la personnalité de la fondatrice, considérée comme une ogresse mangeuse d’enfants, comme le rappelle le texte imprimé sur une carte postale ayant circulé au début du XXe siècle : « /D OpJHQGH SRSXODLUH UDFRQWH TXH OHV PRLQHV VLJQL¿HQW OHV HQIDQWV dévorés par Béatrice et le petit chien celui dont elle mangea le cœur. Aujourd’hui les mères vont implorer au tombeau de Béatrice la santé de leurs enfants. La pénitente secourable aux pleurs maternels écoute les prières et les exauce de la part de Dieu. » S’il est vrai que Béatrix perdit plusieurs de ses enfants en bas âge, l’iconographie de la cuve n’a rien à voir avec cette légende peu fondée. Le tom4. Un exemplaire en est conservé à la Médiathèque de Poitiers. 5. La date gravée sur la robe n’est pas le 4 août 1665, mais le 4 août 1865.

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